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Analyse hebdomadaire des tensions au Mali – semaine du 13 au 17 avril 2015
Analyse de la semaine 13-17 avril
(Oumar Berte et Florent Blanc)
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Domaine institutionnel
Cette semaine dans le domaine institutionnel, l’actualité est marquée par le débat sur les papiers d’identité, la prorogation du mandat des élus locaux mais aussi des blocage sur l’évolution du paraphe des accords de paix par les groupes armés et le renforcement des capacités de l’état sur le fichier de l’état civil.
La semaine se termine par la convocation du gouvernement devant l’Assemblée Nationale pour s’expliquer sur la pénurie des cartes d’identités et des passeports mais aussi sur l’insécurité grandissante dans le pays.
Voilà comment nous classifions ces informations dans nos recherches :
Facteurs déclencheurs de crise
1FD2 : crise et fraude électorale :
L’état malien travaille à l’amélioration du fichier du RAVEC dans le but de sécuriser l’état civil au Mali et de prévenir les fraudes électorales (ici).
1FD3 : revendication autonomistes
Les parties engagées dans les discussions d’Alger se sont retrouvées dans la semaine à Alger dans le but de l’ouverture de nouvelles discussions qui permettront aux groupes armés membres du CMA de parapher les accords proposés par la médiation algérienne (ici et ici). Les revendications identitaires demeurent très présentes et pourraient continuer à freiner la signature de l’accord.
1FD6 : changement inconstitutionnel du pouvoir
Les députés maliens ont procédé à la prorogation à titre exceptionnel du mandat des élus locaux. En effet, le mandat des élus communaux a fait l’objet de deux prorogations par le gouvernement conformément à la loi. Conformément à la Constitution, le gouvernement a dû soumettre au parlement un projet de loi portant sur une prorogation à titre exceptionnel du mandat des élus communaux (ici). L’information est classée 1FD6 par sa nature exceptionnelle sur le plan constitutionnelle bien qu’elle ne semble pas susciter de controverse particulière.
Facteurs amplificateurs des tensions
1FA4 :
corruption endémique et impunité
Avec la pénurie des cartes d’identités et des passeports, plusieurs médias rapportent des cas de corruption autour de la délivrance de ces documents ces derniers temps. Certains agents monnaieraient l’expédition de certaines procédures. Cette pénurie pose problème aux Maliens qui attendent la délivrance d’un titre notamment pour sortir du territoire national (ici).
Domaine sécuritaire
Cette semaine a été marquée par une série de violence dans le nord du pays et au centre notamment un attentat suicide à Gao contre la MUNISMA commis par un kamikaze qui a fait de nombreuses victimes parmi les civils et plusieurs blessés parmi les casques bleus, mais aussi l’explosion d’un véhicule des forces armées maliennes sur une mine à Diabali dans la région de Ségou.
On ignore cependant à quel moment de la crise la mine a été posée ce qui rend difficile l’identification du groupe responsable. Malgré ces incertitudes, la presse malienne pointe du doigt la responsabilité d’un nouveau groupe armé islamiste, le Mouvement de la Libération du Macina. Le MLC a été créé Amadou Kounfa, un proche de Ilyad Ag Ghali (Ansar Dine). Ce nouveau groupe armé multiplie des actes de violences contre les agents de l’Etat dans la région de Mopti et dans la région de Ségou.
Facteurs Déclencheurs
2FD1 : implantation transfrontalière de groupes rebelles, narco, terroristes
Les évènements de Diabali se sont produits dans la forêt de Ouagadou. Cette forêt longe la frontière entre le Mali et la Mauritanie et sert de zone refugeà différents groupes armés rebelles, narco et terroriste (ici et ici) très mobiles entre les deux parties.
Facteurs amplificateurs
2FA1 : Vulnérabilité frontalière (porosité)
Les violences de Diabali attestent de la porosité des frontières mais également de la mobilité très grande des groupes armés entre le Mali et la Mauritanie.
(Ici).
2FA6 : Atteintes à l’Etat de droit, aux droits humains.
Le rapport de HRW est accablant pour l’état malien qui semble ne pas être en mesure de protéger sa population et ce d’autant plus quand ce sont ses propres soldats qui sont pointés du doigt dans les violences commises contre les civils (ici). Le rapport met en évidence également les violences commises par les groupes armés rebelles à l’encontre des populations.
La visite du ministre de la défense Tieman Hubert Coulibaly pour soutenir les forces armées peuvent est un signe encourageant.
Domaine économique
L’économie malienne a reçu de bonnes nouvelles, cette semaine avec l’annonce de l’ouverture de nouvelles mines, l’effacement d’une partie de
la dette par la France et l’annonce de l’augmentation des revenus douaniers pour cette année.
Cependant, l’économie a pris aussi un grand coup par un incendie des entrepots de coton de la CMDT à la zone industrielle de Bamako (ici).
Facteurs structurels
4FS2 : dépendance aux matières premières
La production d’or malienne est en baisse de 21% du fait d’une plus faible production du secteur artisanal cette année (ici)
4FS2 : dépendance aux matières premières
Le gouvernement annonce son intention de conserver sa place de 3e producteur d’or sur le continent africain et annonce l’ouverture prochaine de nouvelles mines dans le pays. Il annonce de nouveaux investissements également (ici)
4FS2: dépendance aux matières premières
Un incendie à Bamako ravage des entrepôts de coton destinés à l’exportation causant des dommages d’un montant d’environ 250 millions de CFA. Ressource majeure pour le pays, le coton représente la 2e denrée la plus exportée pour l’économie malienne (ici)
Facteurs Amplificateurs.
4FA1 : chocs exogènes liés aux politiques néolibérales.
Lors de sa visite, Michel Sapin, ministre de l’Economie français, a annoncé l’annulation d’une partie de la dette du Mali d’un montant de 43 millions d’euros sur une dette de 64,8 millions d’euros. Cependant, cette dette démontre la dépendance de l’économie malienne sur des dettes et des dons étrangers. La dette avait été contractée par la Mali en 1984 pour sa réintégration dans la zone franc CFA (ici).
Domaine social
Dans le domaine social, la semaine a été marquée par la grève des transports et par la levée du mot d’ordre de grève des enseignants du COSES qui n’a pas été suivi par les enseignants du secteur privé affilié à ce syndicat (ici). Ces deux grèves montrent la tension sociale qui règne au Mali.
5FS4 : mécanisme de résolution de conflit (renforcement)
Le Centre de Dialogue Humanitaire annonce un programme de renforcement des capacité de la Commission Justice Vérité Réconciliation afin qu’elle puisse mener au mieux ses missions dans le cadre du processus de paix (ici) span>
Facteurs Amplificateurs.
5FA3 : sous-emploi et marginalisation socioéconomique des jeunes
Ces différentes tensions sociales (grève des transporteurs et des enseignants) sont le signe d’une manifestation du sous-emploi et de la marginalisation socioéconomique des jeunes.
En effet, ces deux secteurs sont le plus souvent ceux vers les quels les jeunes retournent lors qu’ils échouent à entreprendre autre chose. Ce qui conduit à une marginalisation des jeunes qui travaillent dans ces secteurs par les pouvoirs publics.
5FD3 : intervention de l’UNESCO en faveur du patrimoine de Tombouctou
L’UNESCO participe à la réconciliation nationale malienne en annonçant le début des travaux de restauration du patrimoine de Tombouctou et le choix de sites rendant hommage à des saints d’origine diverse (ici)
Mais la semaine marque aussi des nouvelles réjouissantes dans le cadre du processus de paix: l’engagement de la CMA à signer l’accord de paix ainsi que plusieurs démonstrations, dans les localités du nord du Mali, en faveur de la paix.